Mon compagnon de vie (je reprends son terme) m’a proposé de publier ce petit texte qu’il a rédigé, je vous laisse apprécier…☺️.
C’est déjà un exercice assez délicat que de tenter d’écrire sur le blog de sa compagne de vie, mais ça l’est encore plus, je vous l’assure, quand celle-ci envisage de devenir art-thérapeute. Rien que cette première phrase mérite déjà, me semble-t-il, une petite explication de texte : tout d’abord, je dis bien ‘’tenter d’écrire’’ car, vous pouvez le subodorer, même si vous pensez avoir des choses à dire en tant que conjoint ou compagnon, il n’est pas évident que vos mots trouvent place ou soient acceptés par la titulaire du blog, fusse-t-elle votre bien aimée. Sans verser dans le cliché, je dirais volontiers que rédiger ces quelques lignes me donne vraiment l’impression de tenter de cheminer tel un éléphant dans un jeu de quilles. Ouf ! Si vous me lisez, c’est que mes mots n’auront finalement pas fait trop de dégâts sur leur passage et auront été finalement validés. Ensuite, dans ‘’art-thérapeute’’, il y a thérapeute, et là, pour le vulgum pecus que je suis, ça se complique… Je veux dire que pour figurer dans le blog, il va falloir, j’en ai bien peur, sortir de sa zone de confort ; oublier la tondeuse à gazon, le débouchage de l’évier ou encore la sortie des poubelles, ces domaines rassurants dans lesquels j’excelle et où il est facile de marquer des points. Non, assurément, pour faire son entrée dans le blog, il va falloir se bouger, s’ébrouer, griller quelques neurones, voire même lâcher prise (ça, ça fait vraiment peur !). Cette introduction étant faite, je dois vous avouer que je me suis assez vite demandé à qui j’allais plus particulièrement m’adresser dans ces quelques lignes, je veux dire, plus particulièrement aux lectrices de ce blog (98% de femmes) ou à leur conjoint comme moi… Mon objectif au départ était simplement d’apporter mon témoignage, mon ressenti, immergé que je suis au sein de la reconversion professionnelle d’Anne. Un témoignage d’observateur mais aussi de modeste acteur, de chambre d’écoute, et j’espère de facilitateur dans ce qu’il faut bien appeler une véritable transformation. Donc finalement ces quelques lignes s’adressent aux lectrices qui pourront décider ou non de proposer cette lecture, si elle présente un intérêt, à d’autres personnes de leur entourage… Je me lance donc…
Tout comme Anne, je suis de formation scientifique et nous travaillions tous les deux au Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives ; j’emploie l’imparfait car je suis à la retraite depuis trois ans. Contrairement à Anne qui a toujours eu une attirance certaine pour l’art au sens large, ma sensibilité artistique se concentre sur le cinéma, le théâtre, l’écriture et la danse. Une autre différence importante entre nous concerne la relation aux autres; je veux dire qu’Anne a toujours montré une bien plus forte propension aux relations humaines que moi qui suis beaucoup plus introverti. Bref, cet éclairage rapide (et un peu taillé à la serpette je l’admets), pour introduire que le projet de reconversion d’Anne, a provoqué en moi, l’entrée dans une zone d’incertitude. Je ne parle pas seulement d’une incertitude matérielle et financière mais bien psychologique. Une quasi déstabilisation donc, mais aussi un aboutissement logique et a posteriori salvateur pour Anne (et donc finalement pour nous), après une longue période de perte progressive de motivation pour un emploi qui n’avait plus de sens pour elle.
Finalement, bien des discussions plus tard, bien des échanges, des lectures plus tard sur chaque thème de ses formations (que ce soit en art-thérapie ou à propos du Journal Créatif), voire même à l’aune d’activités ou d’exercices réalisés à deux sur ces thèmes, force est de constater que le système familial a bougé, que j’ai bougé. C’est un peu l’image bien connue du battement d’aile de papillon qui va créer de grands effets à l’autre bout de la planète dans une causalité toute systémique. Alors bien sûr, la vie n’est pas devenue pour autant un long fleuve tranquille, mais quelle belle expérience que ce projet de reconversion. Je veux dire que, pour qu’un non initié comme moi ait réussi à avancer dans son ‘’moi intime’’ (je ne sais pas comment appeler autrement ce truc en soi…), cela veut dire que tout le monde peut faire de même. Tout à chacun, et particulièrement tout partenaire aimant, peut profiter d’une telle dynamique pour progresser et faire progresser le système dont il fait partie, j’en suis absolument et intimement convaincu.
Voilà, je crois que je suis au bout de mon propos, de mon témoignage. J’espère que ces quelques lignes traduisent l’importance du partage et de l’accompagnement de la personne en projet de reconversion, où tout le monde a à y gagner.
Ecouter, parler, faire et sentir ce dont il est question pour avancer soi-même, avec l’autre, pour ne pas rester au bord du chemin, et assurément, faire grandir les siens.