Matin froid d’automne – Haïku sans prétention – Odeur de café
Dans ma compréhension de cette leçon du Journal Créatif consacrée à la poésie, cette médiation est pertinente et accessible pour tous à partir du moment où on ne se focalise pas sur le résultat devant être lu ou publié. Comme il est toujours question en art-thérapie, c’est le processus de création qui prime pour ses effets thérapeutiques divers : plaisir, joie, confiance, étonnement, surprise, sens pour soi, compréhension, nouvelle vision, énergie …
Si en prime, on est content de ce qu’on a produit d’un point de vue artistique et qu’on souhaite le montrer, tant mieux!
L’excellent livre d’Anne-Marie Jobin « Fantaisies et gribouillis » propose des activités de Journal Créatif sur ce thème entre autres. Le Journal Créatif propose une approche ludique et créative pour aborder ce médium dans l‘intention :
« D’explorer le langage poétique sans stress,
De jouer avec les mots et avec les structures,
D’ouvrir le regard de la poésie de la vie ordinaire,
De créer un état contemplatif et nourrissant,
De favoriser les associations d’idées inhabituelles,
De favoriser la synthèse de textes plus longs, aller en chercher l’essence. »
Dans cet article, je propose un petit retour sur quelques exercices qui m’ont amusée, confrontée, déroutée, d’autant plus que je ne me pensais pas, ni attirée par la poésie, ni spécialement capable d’écrire de la poésie, plaçant cet art à un niveau « supérieur » dans la hiérarchie de mon juge intérieur. HOURRAAA , encore des préjugés à faire voler en éclats …
Le Haïku ou la pleine conscience autrement,
Forme poétique traditionnelle du Japon, ce petit poème court 5/7/5, contenant une image liée aux saisons et un effet de surprise, est avant tout pour moi une incroyable façon de saisir l’instant présent, d’être dans ce fameux « ici et maintenant », sans parler de respiration, sans s’obliger à accepter les pensées qui viennent, sans rester des heures sans bouger … mais simplement en observant avec tous ses sens ce qui est là, et avec cette imprégnation, de poser des mots pour décrire simplement ce qu’on voit, ce qu’on sent, ce qu’on est dans l’instant présent. Cette méditation active est pour moi une forme de relaxation immédiate, ça me permet de me sortir de mon marasme, de ma fatigue, de la pression … ça me donne une autre connexion au monde, plus réelle. En quelques minutes, je suis ramenée avec douceur dans le je/jeu. Je relis, je m’amuse, je poursuis à l’infini ces combinaisons sans prétention mais tellement sages.
Pour vous lancer, un petit carnet, un stylo et où vous voulez, simplement où vous vous trouvez. Prenez quelques minutes pour écouter autour de vous, observer la saison qui courre avec ses attributs extérieurs (feuilles mortes, soleil voilé…), ses effets sur nous (vitrine de noël, rhume…), votre état physique et émotionnel (triste, migraine…), un élément insolite (bruit d’une radio, chat qui joue…) et amusez-vous à assembler trois phrases courtes en respectant la contrainte de 17 syllabes maximum. L’important n’est pas le résultat mais la pause méditative et son ancrage dans la réalité.
Concert de corbeaux – Les mots à la place des maux – Le feu est en route
Le pantoum ou la magie en 8 vers,
Plus long à faire mais tout autant agréable. Originaire de Malaisie, ce poème se compose de 4 quatrains avec des phrases plutôt courtes (8 à 10 syllabes) dont la stucture est la suivante : 1-2-3-4, suivi de 2-5-4-6, suivi de 5-7-6-8, puis de 7-1-8-3.
En partent de 4 phrases écrites dans mon journal ou de tout autre support, voire même composées de manière collective, j’ai recopié mes phrases 3 et 4 aux places indiquées et composé deux nouvelles phrases en 5 et 6 qui se sont donc retrouvées dans le troisième quatrain, dans lequel j’ai recomposé deux nouvelles phrases 7 et 8 qui se sont retrouvées dans le dernier quatrain. Dans ce dernier quatrain, plus rien à composer mais juste à découvrir la magie des mots qui font sens pour vous.
Essayez, vous y verrez peut-être un message important 😜. Si vous le souhaitez, vous pouvez compléter votre poème avec des images, dessins, couleurs…le garder pour vous ou l’offrir.
Je vous livre un des miens :
La poésie de l’essentiel,
Très subtil message de l’inconscient : il s’agit de prendre un de vos écrits, une page de journal, une lettre, un écrit plus formel issu de votre travail ou tout autre écrit dont vous disposez, livre, article … et de le photocopier en trois exemplaires si vous voulez conserver l’original. A partir des 3 photocopies, amusez-vous à réaliser trois poèmes à partir de ces trois variantes :
– Passez du marqueur noir sur les passages que vous ne souhaitez pas conserver et avec ce qui reste, composez un poème libre
– Entourez les mots qui vous inspirent et que vous souhaitez garder; avec ces mots, composez un poème libre
– Soulignez les phrases qui vous paraissent intéressantes, intrigantes, amusantes et recopiez-les en modifiant certains mots si besoin et voyez ce que ça donne …
Ces trois déclencheurs à partir d’un même texte, permettent de capturer l’essence même du texte, ce qu’il a à vous dire … de trois manières différentes … écoutez.
Echo poétique
Là, si vous êtes fan de poésie, c’est pour vous; prenez vos poèmes préférés, moi j’ai dû chercher un moment …, et faites les vôtres à partir de ça, en prenant plusieurs angles de travail :
– Ce que j’ai préféré : mettre mes mots en conservant le rythme et la musique d’ensemble – je vous ai mis en illustration ma variante d’un poème de Verlaine bien connu.
– Faire un poème « en réponse à » si c’est un poème qu’on vous a écrit
– Prendre le parti opposé, le contraire, l’inverse … : si c’est un poème sur les femmes, en faire un sur les hommes ; si c’est un poème qui commence par Toi,… en faire un qui commence par Moi,…
– Photocopiez et découper chaque mot du poème choisi ; réassemblez-les sur un fond que vous aimez (image de magazine ou fond coloré de votre choix) pour former un poème. Vous pouvez en laisser de côté mais ne pas en ajouter. La contrainte permet une autre liberté, celle de jouer avec des mots pré existants.
Verlaine
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi ! nulle trahison ? …
Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !
Moi
Une flame dans mon coeur
Comme le rire qui surgit ;
Quelle est cette hystérie
Qui pénètre mon coeur ?
O parfum de folie
Sur mes jours et mes nuits !
Pour un coeur qui revit
O odeur d’insouciance !
Je sens surgir ce rire
Dans ce coeur qui veut vivre.
Quoi ! Nulle oppression ? …
Ce feu est sans raison.
C’est bien une hérésie
De ne savoir pourquoi
Sans chercher ni pression
Mon coeur a la passion !
J’encourage …
ceux et celles qui aiment jouer avec les mots et ceux qui pensent n’avoir rien en commun avec ce langage, à essayer … juste un petit Haïku méditatif pour voir … et me faire un retour s’il se passe quelque chose ou pas … 😅.