Oh la honte!

Mes écrits font partis de mon chemin vers moi; ils m’aident à me montrer sans honte, telle que je suis.


Après l’ennui, bienvenue à la honte ! Je ne sais pas quel est le lien mais à suivre le fil de mes émotions et à vouloir en trouver le sens, je m’aventure progressivement dans des terres plus ou moins fréquentables.
La honte est infréquentable, c’est le problème avec elle. L’éprouver sans vraiment savoir pourquoi, est source d’inconfort; inconfort qui peut aller jusqu’à avoir envie de disparaître.

Dans mon cas, j’ai juste envie de me cacher, épuisée que je suis de ce combat psychique avec mon censeur qui me rappelle sans cesse le risque à me laisser aller, à me laisser parler, à me laisser être … le risque d’avoir honte. 

Mais pourquoi cette honte ? Qu’ai-je fait de si terrible pour ressentir cette émotion ? Je n’ai pas commis de crime qui soit reconnu et punissable. Non, simplement j’ai hérité comme bons nombres d’entre nous, d’une honte ancestrale, et d’une censure bien réelle de mon expression. Je ne sais comment dire cela en des mots non accusateurs; je ne m’explique pas tout et je serais bien mal intentionnée de faire porter sur qui que ce soit mon fardeau. Chacun porte son fardeau et c’est à chacun de se responsabiliser pour le transformer en énergie de vie plutôt que de le laisser dans l’ombre. C’est ce que je tente de faire depuis des années.

Pour un âne, porter son fardeau est quelque chose de plutôt naturel, mais il pourrait aussi bien prendre place dans le jardin des merveilles. J’aime cet animal depuis toujours pour notre homonymie sans doute, mais aussi parce que comme moi, sous ses multiples étiquettes, il est épris de liberté poétique. Il m’attendrît par son regard joyeusement triste ou tristement joyeux. Mais je m’égare … 

La honte, pourquoi me suis-je penchée sur cette émotion ?

C’est un malaise éprouvé très fortement, de façon excessive et décalée par rapport à un événement bien précis, qu’on pourrait nommer déclencheur dans mon cas, qui m’a poussée à creuser le sujet de la honte.

Car c’est bien de la honte que j’ai ressentie, et non de la culpabilité; ces deux émotions sont souvent confondues. Le livre de Serge Tisseron aide à faire la distinction entre les deux : “Honte et culpabilité sont deux formes de signaux émotionnels qui renseignent le sujet sur la crise grave qu’il traverse, mais elles se déroulent dans deux paysages totalement opposés : l’une – la culpabilité – se déploie sur fond de réinsertion, l’autre – la honte – sur fond de désinsertion. C’est pourquoi ces deux formes de crise émotionnelle, qui affecte également le sentiment de la valeur personnelle, ne présentent pas les mêmes risques. Le sujet confronté à une crise intérieure de culpabilité peut espérer la surmonter seul. Sa solitude est psychique. Soumis aux rigueurs de la loi, il se trouve par là même assuré de l’attention des autres. Il peut « expier » sa faute et retrouver ainsi sa place au sein de la communauté. Dans l’expérience de honte, au contraire, le sujet perd tout soutien. Il est coupé de lui-même autant que du groupe social auquel il était jusque-là rattaché et qui jouait pour lui, comme pour chacun, un rôle maternel protecteur ».

Un moyen d’avancer de manière positive avec cette honte est de la reconnaître avec des mots, des images… ou tout autre ressource introspective… et de faire les liens avec notre histoire. Personnellement, je fais ça avec des lectures, mon Journal Créatif, des discussions, ma psy, et finalement, progressivement, je trouve ce qui fait écho en moi. Je comprends maintenant ce qui a fait le lit de mes révoltes passées, de mes errances, de ce réflexe de me cacher alors que je n’aspire qu’à être. J’ai grandi en adaptant mon psychisme pour rester acceptable…, et de distorsion en distorsion, je me suis prise pour une autre, plusieurs autres en fonction des masques empruntés à mon ego.

C’est à la fois apaisant et remuant de trouver. Car après avoir trouvé, un autre travail commence : celui d’expurger la rivière pour que coule la vie nouvelle. Il faut retrouver l’équilibre dans l’accueil de cette nouvelle énergie. La transformer en énergie créatrice. Cette métaphore de la rivière ne me quitte plus depuis que j’ai lu le chapitre « L’eau claire – nourrir la vie créatrice » tiré du livre femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estès. 

Pour ma part, j’ai été ramasser un caillou dans la rivière ; je l’ai marqué de ma honte et l’ai redéposé avec conscience, dans l’intention de m’en défaire. 

Un caillou dans la rivière gelée

Perché ? Oui sans doute mais pas plus perché que ces héritages secrets dont on ne comprendra jamais le sens. Ce qui est incroyablement perché c’est de naître avec ce poids des choses non digérées, non dites, ces choses qui viennent s’incruster dans les recoins de notre âme, comme de la saleté, des miettes que l’on tente de balayer toute sa vie parfois (j’ai horreur des miettes).

Je ne pense pas que cela soit si perché que de vouloir s’en défaire de façon symbolique. Notre psyché s’appuie sur des symboles pour vivre, permettons nous de la renforcer par des symboles de vie !

Anne Solo


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6 réponses à “Oh la honte!”

  1. Je vais me pencher sur ce livre.
    J’ai lu il ya plusieurs années celui de Cyrulnik « mourir de dire » sous-titré « La honte ».
    Peut-être le connaissez-vous?
    Bonne journée

  2. Coucou Anne

    je constate que tu avances sur un beau chemin celui de la rencontre avec soi. j’ai beaucoup aimé ton article sur la honte qui a bien résonné en moi. Cela m’a fait penser au bouquin de Jacques Salomé « le courage d’être soi » que tu dois connaitre.
    je t’embrasse

    • Coucou Anne-Marie, Merci de ton retour ; heureuse d’avoir de tes nouvelles par ce biais inattendu; oui j’ai l’impression que j’avance sur mon chemin, modestement … je connais ce livre en effet. Et toi ? Où en es-tu de ton chemin ? Bises

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